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1892 : le tramway Decauville

Le 11 janvier 1869, M. Le Provost de Launay, Préfet du Calvados, annonce au conseil Général du Calvados la réalisation du projet de Monsieur Le Sueur de Gomesnil : d’établir une ligne de chemin de fer au départ de la gare de Caen, et jusque Trouville, par Salenelles, le Hôme, Cabourg, Dives et Deauville

 

Archives départementales du Calvados

 

Le 22 février 1888, le Conseil Municipal de Cabourg vote le bien-fondé de l’installation d’un tramway à vapeur en bordure de route, malgré tous les dangers pour la circulation que cela peut comporter. Il lui verse une subvention de 5.173 fr sous condition que toutes les communes concernées souscrivent la même somme. La concession de la « ligne de chemin de fer d’intérêt local » est accordée à Paul Decauville par le Conseil General du Calvados qui lui apporte une subvention.

Le 5 septembre 1891, par décret présidentiel numéro 24362, la ligne est déclarée d’utilité publique. Le 15 juillet 1892 la ligne ferroviaire, le tramway Decauville est inauguré. Il rejoint Cabourg puis Dives avec un arrêt au kilomètre 23 devant l’hippodrome au Hôme.

 

Collection Martine Garrivier

 

Ce petit train a été inventé par l’ingénieur Paul Decauville (1846-1928) pour circuler facilement dans les petits villages. Conçu pour le convoyage de produits agricoles, il s’est imposé comme moyen de transport en commun grâce à sa facilité d’installation et son faible encombrement.

C’est un tramway à vapeur circulant sur des voies étroites avec un écart entre les rails de 60 cm. Le convoi comporte des voitures, avec compartiments 1ère classe aux banquettes rembourrées et garnies de velours, 2ème classe avec dossiers rembourrés et 3ème classe avec bancs en bois.D’autres voitures sont ajoutées pour les bagages et les matériaux. Pendant l’été, d’autres wagons de type « chars à bancs » sont mis en service. Ils sont très appréciés des touristes et baigneurs. Son usine de fabrication se trouvait à Petit-bourg en Seine et Oise

 

Collection privée

 

On l’appelle communément le « Decauville », le « petit tacot », le « tortillard « et aussi le « transatlantique ». Il relie Caen à Dives sur Mer en 2 heures. Partant de la gare de Caen, après un arrêt place Courtonne, il rejoint en longeant le canal, Benouville puis Ouistreham dans un sens ou Dives sur Mer dans l’autre. Prenant la direction de Sallenelles et de Franceville, il fait une halte au Hôme Sainte Marie juste avant l’entrée du Hôme (située sur Merville).

Les haltes sont des points d’arrêts dépourvus de bâtiments voyageurs, elles permettent de monter et descendre sans bagages. Il y a 3 stations au Hôme : la « halte Bourgeois » au niveau de la rue Henri Bourgeois, l’arrêt de la « Gare du Hôme-Varaville », la halte « Bonnaric » (au niveau du club-house du Golf) dit « l’écriteau ». Ensuite, il se dirige vers “Bas-Cabourg ” pour atteindre “Cabourg pépinières” puis la station de “Cabourg”.

 

Collection Martine Garrivier

 

En 1896, M. Charles Bertrand propriétaire du Grand Hôtel et du Casino devient maire de Cabourg à la place de M. Loutrel. Grace à l’essor du tourisme, le tramway se développe. Ce n’est pas sans problèmes. Il cohabite sans aucune règle de sécurité avec les hippomobiles, les automobiles, les bicyclettes, les piétons, tandis que chevaux et bestiaux effrayés gênent son passage.

Les accidents et collisions sont fréquents et parfois mortels : les déraillements sont nombreux. Malgré sa relative lenteur, le Decauville rend de nombreux services aux habitants et aux touristes qui, arrivés à Caen ou à Dives sur Mer, peuvent ainsi accéder aisément à leurs lieux de villégiature ou venir découvrir le champ de courses du Hôme.

En 1914, il n’y a plus qu’un seul arrêt à la gare du Hôme. Une extension de la ligne jusque Dives est reclamée. Pour traverser la Dives, le pont particulièrement étroit ne permet pas le passage simultané du tramway et des véhicules. Plutôt que de faire descendre les passagers et de leur faire prendre un autre transfert après le pont, on choisit d’alterner le passage des véhicules et du train.

 

Vue de l’étroitesse du pont Archives départementales du Calvados

 

 

Le train en direction de Caen Archives départementales du Calvados

 

Finalement, des lignes d’autobus (Courriers Normands) sont mises en service. Le petit tramway a vécu et la ligne ferme le 29/9/1932.

 

Collection Adrien Maurel

Toutes les stations (gares – arrêts) du Decauville sont construites dans le même style, avec des colombages. Beaucoup sont détruites … le sort de la petite gare du Hôme est plus heureux.

En 1966, gênant le projet d’élargissement de la route, il est démonté et remonté quelques dizaines de mètres plus loin à l’ouest. Il devient tour à tour « Poste et Syndicat d’initiative » puis « Office de Tourisme » et enfin « Varaville info ».

 

 

Collection privée

 

Varaville Info