1944: La bataille du Hôme

D’après les récits du chef du peloton, de John Minnecker, Charles Priemen, Raymond Vereecken

 

Le 20/8/1944 à 16H20, le groupement qui avait été mis en réserve à Franceville pendant l’attaque de la 6éme Para Division britannique, reprend sa progression en direction de Cabourg.

La 1ére compagnie du Major WINTERGROEN avec le peloton de mitrailleuse Vickers (Medium Machine Gun Vickers) reprend sa position d’avant-garde. Sa progression entravée par les équipes de démineurs de la compagnie du génie est difficile car seule la route permettant le passage des véhicules est déminée.

Au niveau du quartier des panoramas, le groupement est stoppé par les nouvelles positions défensives allemandes.

Le peloton MMG du sous-lieutenant A. MATTON, composé huit chenillettes (carriers) et une camionnette 15 CWT (truck), se suivant à courte distance, progresse à la suite des pelotons d’assaut et du peloton ATK.

 

 

Dynamitée quelques jours auparavant par l’arrière garde allemande, la route barrée sur toute sa largeur, présente un très large cratère (situé par la Fédération Royale Nationale de la Brigade Piron au Hôme-Panoramas à environ 200 m de l’avenue des Devises). En bordure d’une zone déboisée, un passage sablonneux bordé d’un  champ de mines, clôturé par un fil de fer permet de contourner l’obstacle par la lèvre droite.

A 21H30, la chenillette conduite par le soldat Victor DELSTANCHE, accompagné du sergent Henri VAN DEN PLAS et des mitrailleurs Edouard CLAESSENS et Marcel MASSONNET s’engage à son tour dans le passage étroit.

Henri Van Den Plas devant son Carrier

Au milieu de la courbe, elle roule sur une Tellermine non détectée, enfouie profondément, que les affaissements de sable provoqués par les véhicules précédents ont fait remonter à la surface. Se retournant dans le cratère, elle s’enflamme piégeant ses occupants.

Le carrier en feu au Hôme

Raymond VEREECKEN et son chauffeur John MINNEKEER qui les suivent et Charles PRIEMEN et Ernest MOOR qui les précèdent, parviennent à accrocher leurs câbles de remorquage à la chenillette en flamme. Roulant sur le fil de fer délimitant le champ de mines, ils parviennent à la redresser, permettant à Ernest MOOR de dégager Victor DELSTANCHE du volant. Le sous-lieutenant MATTON et quelques-uns de ses hommes bravant les flammes et le risque d’explosion des jerrycans et des munitions, parviennent à extraire de l’épave les autres occupants et à les débarrasser des grenades accrochées à leur ceinturon.

Grièvement blessés et brulés, ils sont allongés en sécurité au bord de la route, en attendant l’arrivée des ambulanciers britanniques (195 Airlanding Fied Ambulance).

Soignés par le capitaine médecin britannique Richard REES et les ambulanciers Patrick FINNERTY, John MANNON, et Arthur JONES (qui seront décorés de la croix de guerre avec palme par les autorités Belge), ils sont évacués par Jean BOUCKENAERE, l’estafette motocycliste du peloton. Il pilotera l’ambulance qui les amènenera au « First Aid Post ».

La chenillette, toujours en feu et obstruant le chemin, ralentit la progression du reste du peloton. Avec prudence, le convoi poursuit sa route et atteint l’entrée de Cabourg à la tombée de la nuit.

Comble de l’ironie, on apprendra bien plus tard qu’au même endroit le 18 août au matin, un char Sherman en appui au Royal Ulster Rifles et un camion-citerne avaient été endommagés dans des circonstances similaires.

Le Sergent Henri VANDENPLAS décède le 20 août, le soldat Marcel MASSONNET le 22 août et le soldat Edouard CLAESSENS le 25 août.

Coïncidence tragique Edouard CLAESSENS avait reçu  le matin même un télégramme d’Angleterre de son épouse Peggy PATTERSON annonçant la naissance de son fils Terence. C’est pour permettre à son ami DELSTANCHE de rester à ses côtés que le mitrailleur FINOULST avait échangé sa place avec lui.

Le chauffeur du véhicule, très gravement brulé, le soldat Maurice DELSTANCHE est évacué vers la Grande Bretagne. Hospitalisé pendant 1 an, il subit de nombreuses opérations plastiques. Ses mains sont déformées, il a perdu deux doigts à la main droite et un à la main gauche, ses bras et avant bras sont atrophiés. Ces graves séquelles l’invalideront durant toute sa vie.

 

 

 

 

Soldat Edouard CLAESSENS 

  • 1ère Unité Motorisée – 1er Peloton –
  • Né à Anvers le 27 juillet 1922
  • Blessé au Hôme-Varaville le 20 août 1944 (évacué le 21 en G-B, décédé à Londres le 25 août 1944) Inhumé au Willesden Cemetery, New City, Middelsex Maïda (Londres)
  • Citation : “Soldat d’élite, animé du plus bel esprit. Au cours de l’avance sur Cabourg, son peloton ayant été appelé en renfort, a été grièvement blessé par une mine. Est mort des suites de ses blessures, le 25 août 1944”.

Sergent Henri VANDENPLAS

  • 1ère Unité Motorisée – 1er Peloton
  • Né à Schaarbeek le 2 septembre 1921
  • Tué au Hôme-Varaville le 20 août 1944 Inhumé au Cimetière d’Evere
  • Citation : “Sous-Officier d’une haute valeur morale. Fut toujours un exemple de discipline et de dévouement pour ses hommes. Mort des suites de ses blessures encourues au cours de la poursuite de l’ennemi devant Cabourg”.

Soldat Marcel MASSONNET 

  • 1ère Unité Motorisée – 1er Peloton – Né à Nalinnes le 22 août 1923
  • Blessé au Hôme-Varaville le 20 août 1944 (décédé le 22 août 1944) Inhumé au Cimetière de Nalinnes (1947)
  • Citation : “Volontaire de guerre, mitrailleur de la 1 Unité Motorisée, grièvement blessé au cours d’un combat en Normandie, fit preuve de courage splendide. Mort des suites de ses blessures, le 22 août 1944”.

Soldat Maurice DELSTANCHE

  • 1ère Unité Motorisée – 1er Peloton
  • Né à Anvers le 11 août 1921 et résidant en Grande Bretagne avec ses parents depuis le 10 janvier 1923. Plombier.
  • Blessé au Hôme-Varaville le 20 août 1944. Brulures au visage, aux mains, aux bras, aux jambes et au corps. Perte de 3 doigts et mutilation des mains. Invalide à 80%

 

 

Une plaque commémorative a été apposée prés du monument de la brigade Piron

 

 

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