Vous êtes ici : Accueil » Histoire et patrimoine » Les grands moments historiques » 1944 : la bataille de Varaville

1944 : la bataille de Varaville

D’après les souvenirs de John A. Willes tiré Out of the Clouds l’histoire du premier bataillon canadien de parachutistes

La compagnie C du 1st Canadian Parachute Bataillon (3 Para Brigade) reçoit la mission difficile d’éliminer la garnison allemande du bourg et de la position d’artillerie du château puis de faire sauter le pont de la Divette ainsi que la station de transmission radio.

 

Droits reservés: Varaville, 6 juin 1944 Photo de John Ross.

 

Dispersés dans les marais inondés par une erreur de parachutage, seuls 30 soldats atteignent leur cible. Le lieutenant Sam McGowan de la compagnie C ayant réussi à rassembler quelques hommes, se dirige vers Varaville. A l’entrée du bourg ils se débarrassent de deux sections d’infanterie allemandes.  Sécurisant l’entrée de Varaville, ils utilisent le clocher de l’église comme poste d’observation et établissent leur QG dans le cimetière. Détectée par la vigie, un groupe est envoyé neutraliser une section allemande qui s’approche à travers un cratère de bombardement

Malgré un tir nourri de mortier et d’artillerie ennemi et le feu de francs-tireurs cachés dans les bois et les maisons, la compagnie C réussit à maintenir sa position dans le village jusqu’au milieu de l’après-midi où le 6e commando de troupes cyclistes britanniques les relèvent. Les civils Varavillais apportent une aide appréciable au peloton de McGowan, les femmes soignent les blessés et les hommes font le coup de feu. Un habitant à qui l’on a remis un béret marron et une arme abat trois francs-tireurs.

Le major Murray MacLeod de la compagnie C, premier à sauter de l’avion numéro 10 a atterri à l’extrémité nord de la zone de largage avec son ordonnance, le soldat P. I. Bismutka. Alors qu’ils se dirigent vers le lieu de rendez-vous, des Lancasters qui doivent bombarder la batterie de Merville se trompent et lâchent leurs bombes sur leur zone de largage. Survivant mais en état de choc par ce raid ils atteignent vers minuit leur point de rendez-vous. Ils y sont rejoints par le lieutenant H. M. Walker, le sergent G. Davies, le caporal W.E. Oikle, et le soldat G. Thompson. Ils y retrouvent les sergents M. C. McPhee et R. O. MacLean, le caporal A. M. Saunders, et les soldats W. S. Ducker, B. Swim, R. Mokelki et A. J. McNally.

 

Droits réservés

 

Sur les 100 hommes attendus seuls 15 sont présents. Au lieu de mitrailleurs, de mortiers lourds et de torpilles Bangalore ils disposent d’un fusil anti-char PIAT, de trois mitraillettes Sten, de huit fusils et du revolver de MacLeod. Malgré ce peu d’effectifs le major MacLeod décide d’attaquer néanmoins les positions allemande du Château. En chemin le groupe est rejoint  par le soldat F. Rudko et cinq fusiliers du 9e peloton. Vivants mais également en état de choc par le bombardement des Lancasters, ils ont leurs armes avec eux. Le largage principal sur la zone cible devant bientôt commencer, MacLeod décide d’attaquer pour les empêcher d’intervenir. Traversant le village sans être repérés ils atteignent le corps de garde du château vers 1 H du matin.

Imposante construction près du Château, il domine la position défensive des Allemands constituée d’une longue tranchée protégée par de la terre et du béton, avec des ouvertures pour les mitrailleuses. Derrière la tranchée un canon de 75mm protégé à chaque extrémité par un bunker. Fouillant le bâtiment ils découvrent dans les 8 pièces 96 lits superposés. Evacué à la hâte lors du bombardement, l’édifice est vide. Le lieutenant Walker place 12 hommes dans un fossé tandis que le reste des hommes se répartissent autour du bâtiment. Les majors MacLeod et Thompson se mettent en observation à l’étage laissant Swim et Rudko garder les portes.

Les allemands du Grenadier-Régiment 736 appartenant à la 716 Infanterie-Division au moyen de leur canon de 75 se mettent à tirer sur le corps de garde. Dans un fracas de tonnerre Swim et Rudko doivent gagner la porte et sortir dans la cour. Afin de détruire la pièce d’artillerie MacLeod fait monter à l’étage le caporal Oikle et son PIAT. Manquant de peu son tir, les allemands ripostent et un obus troue le mur faisant exploser les munitions et tuant le caporal Oikle et le lieutenant Walker. MacLeod et Bismutka qui vient de lui annoncer l’arrivée d’un groupe de 15 hommes avec une mitrailleuse sont mortellement blessés. Seul, Thompson, le cinquième occupant, est vivant le fusil brisé et une partie de la main emportée.

Avec le capitaine Hanson et ses deux hommes supplémentaires les Canadiens sont désormais trente dont 4 sergents et 4 caporaux. Le soldat W.D. Ducker, l’auxiliaire médical, ne peut rien faire pour sauver le major MacLeod qui meurt sur les genoux de Hanson tandis que Thompson et Bismutka sont transportés au poste de soins du château. Bismutka y meurt peu après.

Ne disposant plus que d’une mitrailleuse, 4 mitraillettes, 20 fusils et des grenades, la situation n’est guère réjouissante. Hanson envoie deux hommes au Mesnil pour demander le canon de campagne tandis qu’il bloque par les tirs les allemands dans leur bunker.

Le caporal D. Hartigan et le soldat W. C. Mallon s’approchant du Château essuient un tir de mitrailleuse qui balaye la route. Prévenu par le sergent D. F. Wright ils ont juste le temps de plonger dans un fossé. Malgré l’apport de leur mortier, la situation reste bloquée. À huit heures et demie, les Allemands du bunker hissent enfin le drapeau blanc et envoient un émissaire négocier leur reddition. Les blessés sont évacués.

 

Droits reservés : Association du 1er Bataillon canadien de parachutistes. Photo de John Ross Reddition de soldats allemands au Château de Varaville, 6 juin 1944

 

Pendant ce temps, à 8 h 30 le sergent Davies et ses hommes avec l’aide de sapeurs appartenant au 3rd Parachute Squadron RE font sauter le pont de Varaville enjambant la Divette rendant ainsi plus difficile la progression des chars ennemis.

Vers dix heures, le caporal Hartigan avec son mortier et quelques obus se faufile dans un fossé qui l’amène près de la position de l’artillerie d’où il tire quatre obus en succession rapide puis des grenades fumigènes. De nouveau, un drapeau blanc s’élève du bunker. Le caporal Hall, le seul officier médical survivant, accepte la reddition des 43 soldats allemands.

Le caporal John Ross, opérateur radio, peut transmettre au QG le code « Blood » signifiant la victoire à Varaville. La reddition permet la libération d’un commandant de détachement du peloton d’obusiers posé en parachute sur un blockhaus et des caporaux MacKenzie et Mowat du 224e régiment d’ambulanciers de campagne, posé à l’intérieur des barbelés.

Malheureusement profitant des combats une patrouille allemande pénètre le Château et fait prisonniers tous les blessés canadiens.

Pour éviter une contre-attaque les positions ennemies sont occupées par les parachutistes. En milieu d’après-midi, les commandos britanniques les relèvent et occupent le village.

La compagnie C rassemble ses prisonniers et gagne le carrefour du Mesnil. Longeant le Bois de Bavent puis traversant Petiville, Saint-Laurent et Laroucheville ils sont à plusieurs reprises sous le feu des tirs d’ennemis embusqués. Détachant à chaque fois deux sections pour sécuriser la zone huit prisonniers viennent s’ajouter. A six heures du soir, le capitaine Hanson et ses hommes épuisés arrivent enfin au campement établi au Mesnil.